Le 16 janvier 2024 Grand Luy

 

Parti pour aller à la Dotse, Tête de Ferret et redescendre par la Peule pour aller en repérage sur l'arête des Econduits, mais quand je suis arrivé au Clou, les nuages de neige soufflée sur la Dotse mon franchement découragés.

Je me tourne et je vois le Grand Luy qui me crève les yeux. Pas terrible de monter là haut tout seul avec un degré d'avalanche de 3- et avec un vent bien frais depuis 2 jours.

Mais bon, qui ne tente rien n'a rien, il sera toujours temps de juger sur place.

Je redescend sur la Fouly et Hop je saute de mon auto d'un pas alerte et plein d'entrain. Enfile mes skis comme des vieilles chaussettes et les enrobe de vieilles peaux avant de partir gaiement sur le chemin de cette journée non sans avoir lancé un piolet dans mon sac au préalable.

 

Je vois 3 personnes faire la trace devant moi et ça c'est une super nouvelle, c'est le grand avantage de se lever tard comme une larve qui n'arrive pas décoller de la chaleur bien heureuse d'un lit douillet.

 

Je pars en mode échauffement, heureux d'être à cet endroit précis pour aller me faire du mal dans une montée de 5 ou 6 heures dans une neige qui sera super bonne à la descente mais un tantinet craignos à la montée.

 

La première moraine passée en mode "petits pas légers" qui faut pas trop titiller cette neige fragile qui demande qu'à descendre en mode "plaque à vent" avec un tit bonhomme dessus.

 

La mauvais nouvelle du jour, c'est que je croise mes 3 héros qui traçaient mon chemin peut de temps après. Ils n'ont pas voulu prendre le risque d'attaquer cette pentue pente juste en dessus de ma pomme de peur de se prendre une pêche de neige ventée sur la tronche. C'est pas cool de leur part surtout que je sentais de mieux en mieux les condis.

 

Mais bon, je prendrais le chemin du solitaire comme Lucky Luck dans le désert du Texas. La chaleur en moins.

 

A l'ombre du Dolent je trace ma ligne sur les pentes les moins raides possibles tout en ménageant mon allure de chevalier sans peur et sans reproche, comme Thierry la fronde dans la forêt de Sherwood. Qui va pianno, va sano... comme un maso qui veut bouffer du glacier. Etudier une ligne sécure demande du temps pour prendre en compte tous les paramètres mais c'est le meilleur moyen pour rester vivant.

 

La cabane de la Neuve est enterrée "presque morte" sous des mètres de neige qui déborde de partout, je continue mon bonhomme de chemin non sans avoir récité deux versets en sa mémoire.

 

Le ciel se couvre et le jour devient blanc, comme un cancéreux sous oxygène aux soins intensifs deux jour avant de lever le rideau. Le vent se lève plus rapidement que moi un lendemain de fête et mon environnement proche devient livide comme quand je saute de mon lit vide.

 

La nuit "presque tombe" sous un ciel noir qui plie sous les rafales comme un saule pleureur dans la tempête. 

Je me plie aussi en deux pour rester presque debout, solide comme une bite élastique... d'amarrage de bateau miniature dans la flaque d'un musée Breton.

 

J'insiste encore 400 mètres dans la tourmente en me disant que si j'insiste c'est p'têtre pour passer le temps mais zaussi pour aller au bout de moi même...  parce que finalement, c'est en allant au bout de soi même qu'on chope une débattue monstre au bout des doigts, quand d'un coup tu as tellement froid qu'il te semble impossible d'enfiler une veste et des gants, qu'on arrive à sentir le courant d'air qui te remonte le rectum et qui ressort moitié par l'oreille gauche et moitié par l'oreille droite, sans oublier une bricole par les narines qui caresse mes sens olfactifs. C'est ce qu'on appelle un tir au culs ! (Ne pas confondre avec un tir au but)

 

Bref après avoir passé les premières crevasses bien bouchées comme mes caries je tire enfin ma révérence à 2970 mètres d'altitude presque à bout de souffle mais surtout au bout de mes doigts engourdis, comme une lopette qui n'est pas arrivée à 3000 parce que j'étais presque aussi mort de trouille que la cabane de la neuve enfouie sous l'excès du monde.

Pour parler de la peur, c'est fout ce que je peux être émotif quand je suis seul dans la tempête avec un ciel de plomb qui me fait péter les plombs et avec une neige fragile qui joue aux quilles avec les statistiques SLF. Après 4 heures de montée je joue les petites filles effarouchées juste pour ne pas monter les 500 dernières mètres. Un flemmard d'anthologie j'vous dit ! 

Du coup, J'ai tracé 1'000 mètres à la sueur du front chaud qui arrive par le SO juste pour faire de mes biscotos des vrais jambons de Ferret. Demain l'eau chaude arrive pour tout bousiller, surtout le maux râle !

(j'ai arrêté de prendre des photos quand je ne sentais plus mes doigts)

La trace:  https://fr.wikiloc.com/itineraires-ski-de-rando/sous-la-grande-luy-158342986

Le Topo de la course

à Plus.