29 janvier 2022 Grand Tavé  (Val de Bagnes) 1700 mètres

Gros morceau en solo, bien engagé et mal emmanché moins de 24 heures après mon vaccin covid.  

En partant de Fionnay à 9h00 je pensais arriver au sommet vers 14h30, j'y suis arrivé à 15h30 après de multiples arrêts vomito. Malade comme je ne souhaite à aucun chien, j'ai bien failli renoncer de nombreuses fois. 

La montée depuis Fionnay par le chemin d'été reste merdique comme d'hab avec les wagons de touristes qui descendent depuis le Petit Combin hélicoptéré. La trace est toujours gelée, en dévers, raide et chiante jusqu'aux Greniers de Corbassière. La descente sur la combe de la Dranse toujours déplaisante qui augmente le dénivellé de 100 mètres et qui te fait perdre une bonne demi-heure.

La suite est belle, brute et sauvage avec personne pour te comter fleurette. En empruntant la combe avant la cabane Panossière tu raccourcis le parcours et cela te permet de sentir la neige pour la descente. Arrivé au col des Otannes, la vue et le soleil t'explose dans la tronche. Le glacier de Corbassière reste un long fleuve tranquille qui donne envie de s'y promener avec un bouquin.

La suite reste plus sportive avec une pente bien engagée jusque vers 40° au plus raide. Les 300 derniers mètres seront un calvaire qui va durer presque 2 heures et me laissent au bord de l'épuisement.

 

Au sommet, un fort vent de NE décoiffe même les chauves et empile les assiettes sur le Grand-Combin. Je me grouille de ranger mes peaux, je ruppe une banane, j'enfile ma doudoune, m'assied 5 mais pas plus.

Je remercie la montagne de m'avoir laissé dégobiller sur son blanc manteau sans me châtier,  tire une photo ou deux pour la postérité et lâche un fil que je prends bien soins de recouvrir  d'une bonne couche de poudreuse. Histoire de laisser le sommet aussi blanc que blanc après mon humble passage et je chausse mes spatules... ouf ! j'ai pas que ça à faire, la descente sera rude.

Comme d'habitude, le premier virage dans une pente ou je ne vois pas le fond me paraît profondément insoutenable. La chute reste interdite et rien que le fait d'y penser me procure une sensation grisante et ennivrante.

La première pente ensoleillée reste encore très agréable à skier. Sous le col, c'est poudreuse à gogo et je peux enfin lâcher les canassons.

La suite reste dans les anales de la médiocrité. Ayant vu une trace qui remontait sur le chemin d'été, il m'a semblé malin de la suivre. Je remets mes peaux sans réfléchir et quand j'arrive au chemin, je comprends que c'était pas une bonne idée si je voulais garder ma vie quelques années de plus. Un cheminement en glace vive qui plonge sur un vide sinistre.

Je chausse mes couteaux, j'explose le support à couteaux de ma fixe neuve et appelle ma deuxième vie... à garder la première en vie.

Je courbe l'échine, je me chie parmi, je dégluti mon manque de boisson d'une gorge assèchée, je m'injurie de mes conneries et Je redescend dans la combe tant bien que mal...  et rentre par la voie normale en me tapant la montée sur la Cougne comme un cougnon ... à la vitesse d'un escargot unijambiste en plein soleil, retraité, malade, transpirant et qui essaye de courir après le corbillard d'un lièvre !

En remettant mes peaux pour la quatrième fois de la journée, je pète une chaussure neuve (ben voyons) et j'me retrouve comme un âne avec un sabot usagé! La descente sur Fionnay reste dans la continuité d'un handicapé de la godasse qui va arriver à la bagnôle complètement épuisé après 8h00 d'efforts à Jerba la douce...   C'est fou ce que l'on peut être maso des fois :)  vivement la prochaine !

Réflexion 48 heures après l'acte: c'est pas du masochisme, ça frise la débilité mentale profonde!

Topo