Glacier d'Otemma (Bagnes) 45.93753° N, 7.42141° E

coordonnées GPS: Front du glacier


 

1. Sur cette page: les accès .

2. Météo à jour & webcam les plus proches.

3. Les cabanes & bivouacs de la région.

4. Climat.

5. Les Mesures Glamos.

6. Dernières mises à jour.

7. Constatations personnelles. 

5. Dernière course: 20 septembre 2023

6. Septembre 2022.

7. Un géant fragile

8. Historique du glacier dans le temps (images d'époque et actuelles)

9. Vallée de Mauvoisin et barrage

10. Courses alpi dans la région (à venir) 


De cabane en cabane 

Horaires approximatifs pour alpinistes de haute route. Pas pour les patrouilleurs
Horaires approximatifs pour alpinistes de haute route. Pas pour les patrouilleurs

1.    Barrage de Mauvoisin (été)

2.    Cabane des Dix par les 3 cols 

3.    Cabanie des Vignettes 

4.    Cabane Bertol 

5.   Bivouac des Bouquetins 

6.    Bivouac des Aiguillettes 

7.    Cabane de Chanrion 

8.   Cabane de Valsorey 

9.   Arolla

10. Cabane Panossière

11. Bivouac des Pntalons Blancs

12. Cabane de Parfleuri

13. Cabane Mont Fort



Climat du Val de Bagnes dans l'histoire récente ( depuis JC à aujourd'hui)

 

Années 950 à 1250 après JC. Optimum Climatique Médiéval (OCM) est une période de climat relativement chaud qui a prévalu en Europe occidentale, en Amérique du Nord et dans d'autres parties du monde. Cette période a été caractérisée par des températures moyennes plus élevées que celles observées avant ou après cette période. Le Val de Bagnes est particulièrement concerné avec le glacier d'Otemma, du Breney, du Mont Durand, de Giétroz, de Tortin et de Corbassière. plus d'infos.

 

Années 1645 à 1715 après JC. le Minimum de Maunder, fait référence à une période allant de 1645 à 1715 environ, durant laquelle l'activité solaire était extrêmement faible. Cette période coïncide avec la partie la plus froide de la Petite Ère Glaciaire. Plus d'infos

 

1816. Explosion du volcan indonésien Tambora provoquant un hiver volcanique et une famine généralisée en Suisse et dans les vallées valaisannes. Des températures inférieures à 2,5° à la moyenne. Plus d'infos

 

1817 - 1818. Spectaculaire avancée des glaciers des Alpes suite au refroidissement de l'année 1816. Plus d'infos

Front du glacier d'Otemma
Front du glacier d'Otemma


 - Comparaison par décennie des moyennes de températures au col du Grand-Saint-Bernard sur les 6 mois d'hiver ( novembre-décembre-janvier-février-mars et avril)

- sur les 4 mois d'été (mai-juin-juilet et août)

- Retrait du glacier par décennie 

- Précipitations en hiver par décennie

- Quantité de Co2 dans l'atmosphère par décennie en particules par million.

 

Je peux le dire "presque" avec assurance  que notre consommation des combustibles fossiles provient en grande partie de la mondialisation économique à l'échelle planétaire. Voici un article instructif sur les périodes de mondialisation.  (chatGPT)

Il est vrai que l'invention des machines thermiques ont fondamentalement changé nos vies en décuplant les cadences de production, en facilitant grandement le travail de l'agriculture, mais aussi le transport individuel ou encore  l'arrivée des acquis sociaux comme les vacances et les rentes de vieillesse. Il est intéressant de constater que les acquis sociaux sont fondamentalement liés au pétrole et à l'abondance qu'il a créé au détriment du climat et de l'avenir proche de l'humanité. Egalement tout ce qui concerne les loisirs et les folies "normales" d'aujourd'hui. Pour donner une touche plus personnelle, je pense que la mondialisation à créé beaucoup plus de problèmes que d'avantages en détruisant des millions d'emplois en occident et en transférant nos productions de masse et industries dans les pays en développement  sans que les populations locales en bénéficient vraiment.

Tout cela au détriment de notre environnement, de la biodiversité et la planète.

sources: Personnelles

Description

Le Glacier d'Otemma se trouve dans le canton du Valais. Il a une superficie de 12.59 km2 et sa longueur est de 7.07 km (données de 2010). En 1973, le glacier avait une superficie de 16.64 km2. Le changement de superficie relatif équivaut à -24.33 %.

Les sources: GLAMOS 1881-2023, The Swiss Glaciers 1880-2022/23, Glaciological Reports No 1-142, Yearbooks of the Cryospheric Commission of the Swiss Academy of Sciences (SCNAT), published since 1964 by VAW / ETH Zurich, doi:10.18752/glrep_series


Dernières mises à jour

Vidéo des recherches de l'Unil de Lausanne concernant le glacier d'Otemma en 2022.

https://www.youtube.com/watch?v=tqcc_Q2wwJk&t=329s

 

Rapport complet 2024 de Glamos traduit en français


Constatations personnelles :

La vitesse d'avancée d'un glacier peut varier considérablement en fonction de plusieurs facteurs, tels que la pente du terrain et son lit (cailloux, gravier de moraine, barrage naturel ou lac), la quantité de glace, la température ambiante, et les précipitations. Les glaciers se déplacent sous l'effet de la gravité, la glace s'écoulant lentement du haut (la zone d'accumulation) vers le bas (la zone d'ablation).

Les vitesses de mouvement des glaciers varient de quelques centimètres à plusieurs mètres par jour.  Les glaciers de vallée dans les régions montagneuses peuvent se déplacer d'environ 10 à 300 mètres par an, celui d'Otemma étant plat ou presque, Il ne doit quasiment pas avoir d'avancée. De quelques mètres par année (les bonnes années).

J'ai put constater quelques avancées au bas du glacier avec des minis poussées de moraines de quelques dizaines de centimètres de hauteur en 2024.   Ce qui ne veut pas dire que la fonte n'est pas plus importante en fin de saison estivale provoquant finalement une diminution de longueur du glacier. La zone d'accumulation aux environs de 3000 mètres sur le plat de Charmotane (plein Sud) n'est pas suffisamment haute à mon avis. Et un glacier sans accumulation va mourir plus vite.

Il est important de souligner que le mouvement global d'un glacier n'indique pas nécessairement son avancement ou son retrait. Un glacier peut reculer même s'il continue de s'écouler vers l'avant, si la quantité de glace perdue dans sa zone d'ablation (par fonte ou vêlage) dépasse la quantité de neige accumulée dans sa zone d'accumulation.


20 septembre 2023.

 

En moins de 5 minutes, la vallée d'Otemma s'obscurcit et se recroqueville sur elle-même, dans l'attente de la colère du foehn. Du silence total, le changement est brutal.

 

Les rafales désorganisées et agressives terrorisent toute vie encore active dans l'air et sur terre. Même les chamois, d'habitude imperturbables, perdent leur dignité avant la tempête et se réfugient sous le vent d'un promontoire.

 

Je regarde le ciel avec appréhension. Les nuages défilent sans s'arrêter, en direction du Nord. Le vent du Sud s'impatiente, montre ses muscles et ouvre grand sa gueule noire et humide. Les nuages qu'il transporte passent du gris foncé au noir et lèchent violemment le sommet de l'Aouille Tseuque.

 

Les premières gouttes volent sans toucher le sol. Au loin, le mur arrive dans un rideau compact et inquiétant. J'écoute le vent bourdonner au-dessus des cimes, tel une basse lancinante et monotone. Je sens l'odeur d'une charogne au loin, qui s'amplifie avec l'arrivée de l'humidité et des rafales de vent.

 

Je suis tout petit sur le glacier, surpris, victime solitaire de la météo. J'adore cet instant, mais la peur me tord l'estomac.

Il me reste deux bonnes heures de marche avant de rejoindre la prise d'eau et sa grotte pour m'abriter.

 

Je rentre ma tête dans mon capuchon, enfile mes gants et m'efforce d'accélérer le pas sans me précipiter. J'apprécie cette fin de journée, témoin et acteur privilégié. J'adore ces montagnes et je m'y sens bien. Cette vallée menaçante et obscure me procure un sentiment de vulnérabilité qui me dévoile toute la puissance du monde, et j'adore ça.

 

La glace craque sous chacun de mes pas dans une symphonie lancinante. J'entends le glacier souffrir, rongé par un cancer qui dévore ses entrailles et use sa vieille peau déjà mal en point. Je sais que sa fin est proche, et je culpabilise de me sentir aussi vulnérable face au foehn, alors que je l'entends mourir pour de vrai.

 

Le vent joue une musique morbide en s'engouffrant dans les sous-sols glaciaires par des crevasses noires et sans fond. Les fantômes ressurgissent à la surface, poussés par la colère du monde. Cela me fait penser au souffle salé et mouillé d'une tempête en mer, à la différence qu'ici, c'est le sable qui gifle mon visage. Je suis incapable de savoir si les gouttes qui tombent de mes joues sont des larmes ou de la pluie.

 

Le temps a passé trop vite. Pourtant, plus de 20 000 ans se sont écoulés, mais c'était hier. Le glacier d'Otemma n'a pas eu le temps d'apprécier le froid, de s'occuper de ses voisins, de regarder la neige tomber, ni de dire merci... Et maintenant, il regarde passer sa fin de vie, lente et désolante, moribonde et morne. C'est à la fin du jeu qu'on comprend qu'on n'a pas tout fait juste !

 

Il est seul dans le vallon. Laissons-le en paix, laissons-le crever dans la douleur du temps qui passe.

 

2022 a été une fournaise : hiver sec et chaud, printemps persistant, été interminable et aride, l'automne fut le coup de grâce.

 

J'avais de l'espoir, j'y croyais, je me disais… une année de plus comme celle-là, c'est impossible. La probabilité d'un autre hiver sec et chaud devait être proche de zéro… mais on l'a eu. Mortel.

 

2023 a été à l'image de 2022. Le zéro degré a battu tous les records et un interminable été indien arrive à nos portes, avec le vent du sud-ouest chargé de poussières et de chaleur en montagne.

 

En 2023, le glacier a perdu entre 3,80 et 5,60 mètres d'épaisseur selon les piquets placés par l'EPFL. La longueur est plus difficile à évaluer, mais je l'estime à environ 20-30 mètres.

 

En 2024 malgré la neige tombée au printemps, la fonte a été très importante également, voire le rapport Glamos

 

Son site d'accumulation, le plateau de Charmotane à 3 000 mètres, est vide, gris comme jamais pour un début septembre. Zéro accumulation depuis au moins 2 ans. Je rêvais d'un hiver de tempêtes du nord-ouest, celles qui font danser, qui remplissent le corps des glaciers. Ses crevasses attendaient, gueule ouverte, une neige froide et bienveillante... qui n'est jamais venue.

 

Otemma rêve de danser dans le froid, de copuler avec une neige virevoltante qui lui fait tourner la tête. Il aime s'abandonner à l'hiver, il aime ouvrir son corps jusqu'à l'orgasme enivrant des rafales de vent du nord qui caressent ses sens... 




Le Glacier d'Otemma, un géant fragile

 Septembre 2022

Le Haut val de Bagnes reste accessible au prix de 4 à 5 heures de marche depuis l’hôtel de Mauvoisin, au pied du barrage.

On y accède en été par la route qui surplombe le lac de Mauvoisin.

Le bleu turquois particulier des lacs de montagne à cette altitude domine ton regard d’un éclat si pur qu’il donne l’impression de remplir entièrement ton horizon. Les tunnels dégoulinent d’eau précieuse qui pisse la première neige de l’automne depuis le glacier du Tournelon Blanc, l’herbe piquante qui les bordent te paraît accueillante jusqu'au moment ou tu poses ton cul dessus. Le Combin de la Tsessette domine le tableau poétique de la vallée par sa face Est noire et abrupte, enveloppée de fantasques bancs de brume. En automne la vallée appartient à celui qui aime la solitude.

Une fois passé le pont de la Barme, la pointe d’Otemma regarde le temps qui passe et s’impose par sa face Sud aérienne, qui te montre le chemin en direction de la prise d’eau du barrage.                                                                                              

Depuis le replat d’accès à la cabane de Chanrion, le Bec d’Epicoune attire ton regard par sa silhouette presque féminine et te donne un avant-gout de cet univers perdu et lointain en te tendant la main.

Bec d'Epicoune et Tsoumaz des Boucs. Eté 2022
Bec d'Epicoune et Tsoumaz des Boucs. Eté 2022

Une fois passé le coude du vallon, son univers sauvage et hors du temps donne une idée de ce que pourrait être une planète dépourvue d’humain. La vallée qui prolonge le glacier rejoint le vallon de Crête sèche au Sud.  Frontière avec l’Italie qui mène au Mont Gelé. Même les animaux de la région n’y vont guère, à part peut-être le loup en revenant de ses escapades au pays d’Aoste et un groupe de chamois Italo-Suisse citoyens du monde. (images ci-dessous)

En continuant sur la prise d’eau pour accéder au vallon, le chemin d’été qui surplombe le torrent est bordé de génépi blanc et d’herbes aromatiques qui frémissent dans le vent de vallée.  Il n’est pas rare que le chemin soit coupé par les chutes de pierre poussées par la fonte printanière. 

En hiver, son accès est compliqué, Il faut passer par la cabane de Valsorey depuis Bourg St-Pierre en 2 jours. Depuis la cabane des Dix, ou depuis Arolla  via la cabane des Vignettes au prix d’une longue course glacière de haute montagne. Pas de réseau mobile. Ce vallon est sur l’itinéraire de la haute-route Chamonix-Zermatt qui est la moins utilisée. La haute-route « facile » est située plus au Nord, près de la cabane des Dix et du Pigne d’Arolla.

Roche de Gabbros qui ressemble à un morceau de viande séchée du valais (sur le glacier d'Epicoune) juillet 2022

La vallée est orientée Sud-Ouest.

Avec en rive gauche, les pierres sombres gabbros de la plaque africaine et, à droite, les roches claires de la plaque européenne. Au centre le torrent du glacier s’énerve franchement par les fortes chaleurs d’été. Au printemps on entend son chuchotement sous la neige qui le recouvre.

La crête part de la Pointe d’Otemma et se prolonge sur la pointe des Portons et l’arrête de la Pointe de Brenay jusqu’au Pigne d’Arolla.

En rive droite le Bec d’Epicoune ouvre les feux sur l’Aouille Tseuque, le Bec de la Sasse, La Singla et le Petit Mont Collon  qui domine en son centre l’ensemble de la vallée, il borde le col de Charmotane jusqu’à la cabane des Vignettes à plus de 3'000 mètres.

Le petit Mont Collon au centre de la vallée. A gauche au soleil, les Portons. Novembre 2020
Le petit Mont Collon au centre de la vallée. A gauche au soleil, les Portons. Novembre 2020

Prisonnier du monde

Bien que perdu et solitaire, le glacier d'Otemma reste le prisonnier de notre quotidien. Nos déplacements en voiture, nos achats mondialisés, nos vacances à l’autre bout du monde et l’ensemble de nos excès occidentaux saturent notre atmosphère de Co2 pour créer son linceul.

Le glacier souffre également des nano-particules de plastique déposées par les pluies saturées et acides, par le sable du désert transporté par le fohen et le cirocco.

D’autres facteurs expliquent aussi la fragilité de ce qui fut l’un des plus grands glaciers de Suisse. L'altitude de la langue est aux environs de 2500 mètres d'altitude, trop bas pour résister au 21 ème siècle. Otemma est assez plat, d’où le fait que son recul se fasse sur de plus longues distances.

Il est entouré de parois rocheuses qui créent une grosse chaleur au printemps et en été. Toute la face de la Pointe d’Otemma jusqu’à la pointe du Brenay est orientée Sud Est, le pire cauchemar de la glace éternelle. Les montagnes accumulent la chaleur en journée et la restitue en soirée par les vents descendants.

depuis les années 70, il est aussi déconnecté des glaciers qui l’alimentent, comme ceux d’Epicoune, de l’Aouille et de l’Aiguillette, qui ajoutent aujourd’hui leur ruissellement à la sape sous basale. Il ne peut plus compter aujourd’hui que sur l’apport des glaciers de Blanchen et du Petit Mont Collon depuis les Pointes d’Oren. Ces zones d’accumulation souffrent elles-mêmes du manque de précipitation particulièrement marqué en 2003 et 2022.

 

Avec une pente d’environ 12 % , il est relativement plat ce qui veut dire que son renouvellement est particulièrement lent en rapport à de très nombreux autres glaciers en Suisse.

La langue inférieure est située vers 2'500 m d’altitude et le haut glacier vers le col de Charmotane à 3015 m. C’est trop peu pour assurer un enneigement et un renouvellement continu et rapide.

Le glacier partage son lit avec le glacier du Petit Mont Collon, et le glacier de Blantchen (qui devrait rompre la jonction d'ici quelques années pour lui donner le coup fatal qui va précipiter sa fonte)

 

montage visuel de 1850 à 2022:    photo prise depuis le col de Balme /Italie-Suisse

L’évolution du Glacier d’Otemma de 1850 à nos jours

Il a une superficie de 12.59 km2 (2016) et sa longueur est de 7.07 km (données de 2010). En 1973, le glacier avait une superficie de 16.64 km2. Le changement de superficie relatif équivaut à -24.33 %. Il a perdu 2623 mètres de 1881 à 2020.

En observant la ligne de démarcation de la végétation dans les pentes, on constate une perte d’épaisseur d’environ 150 à 200 mètres.

Il est aujourd’hui l’un des glaciers qui recule le plus vite… dix fois plus vite qu’au début du 20e siècle! Déconnecté des autres glaciers qui l’alimentent, il a diminué de moitié depuis les années 1950.

Cette année 2022, il a perdu quinze à vingt mètres alors que, normalement, c’est plutôt cinq à dix.

ll a été décrit à la fin du 18e siècle par Marc-Théodore Bourrit (chantre à la cathédrale de Genève et pionnier de l’exploration des Alpes avec Horace-Bénédict de Saussure)

M-T Bourrit parlait du glacier de Charmontane. Un super glacier qui comprenait non seulement celui d’Otemma, mais également ceux d’Epicoune, de l’Aouille, de Blanchen et du Petit Mont Collon. En Rejoignant la langue de glace de Crête-Sèche. Ce vaste ensemble était terminé par un cône glaciaire à l’emplacement de l’actuel lac du Vallon de Crête Sèche, au pied de la Pointe d’Ayace. Sa langue avait une épaisseur de 270 mètres qui a totalement disparu aujourd'hui. Au col de Charmotane, il a perdu 75 mètres d'épaisseur depuis les années 1900.

Dans les années 1960, on voyait encore Otemma depuis la cabane Chanrion. En 1850, au pic du petit âge glaciaire, le glacier d’Otemma mesurait 20,5 km2. C’est de l’ordre de 10 km2 aujourd’hui et sa longueur n’est plus que de 6 kilomètres.        

Images ci-dessous: Depuis Chanrion en été 1892. sur la photo de droite, on distingue la route actuelle pour aller à la prise d'eau.  Une épaisseur d'environ 150 mètres de glace recouvrait le torrent qui passe dans la gorge actuelle.


Image empruntée de l'étude Christophe Lambiel, Patrick Talon. 2019
Image empruntée de l'étude Christophe Lambiel, Patrick Talon. 2019
Otema vers 1850
Otema vers 1850
Otemma en 2022
Otemma en 2022

Photos historiques ETH Zürich  dans les années 1890 et plus. 

Les glaciers s'effondrent  et le glacier d'Otemma aussi

 

Les glaciers s'effondrent par le dessous.  Les rivières sous basales se forment avec la fonte et s'insinuent sous le glacier, créant des lacs sous-glaciaire, les torrents des glaciers qui descendent le long des parois de la vallée alimentent ces rivières invisibles, qui inlassablement érodent la glace par dessous, créant des cavités qui à la longue, cèdent.

Il n'y a pas systématiquement des crevasses annonciatrices mais certaines fois cela commence par une crevasse ou un mini effondrement qui permet aux curieux de descendre visiter !  En principe, ces effondrements arrivent sur une pente douce ou l'eau peut stagner.

 

La fréquence de ces effondrements a accéléré depuis 2000, et plus encore depuis 2015. Certainement dû à l'accélération du réchauffement climatique, et surtout par rapport au nombre de jours successifs avec une limite du zéro degré  en dessus de 3500 à 4000 mètres.

Une étude a été faite sur 21 glaciers suisses. Avant 2000, il y avait quatre à cinq effondrements par décennie. Maintenant c’est quinze à vingt en dix ans. Soit trois à quatre fois plus. En 2021 un gros effondrement c'est produit sur le glacier de Corbassière créant un gouffre de 100 mètres de diamètre. (Images ci-dessous)

Pour Otemma, deux effondrements se sont produits depuis 2018 et un troisième s'annonce pour très bientôt. Certainement en 2023 ou 2024. L’effondrement de 2018 a provoqué un recul de plus de 70 mètres

 

Image ci-dessous sur le glacier d'Otemma en automne 2022, vue par drône

Crevasse sous glaciaire de Corbassière en 2020. Aujourd'hui tout est effondré laissant un trou béant et un glacier blessé qui accentuera sa fonte ses prochaines années.

La mort du glacier

 

 

Sur ses bords, le glacier se recouvre de cailloux, au point de donner l'impression que les moraines émergent du glacier.

 

Ces rochers apparaissent avec la fonte, les éboulements et la perte d'épaisseur. Ils forment une couche protectrice qui préserve la glace en dessous. Ces "fausses moraines" sont de plus en plus présentes sur les glaciers suisses.

 

Dans cette zone aride, Otemma est en train de s'envelopper de rochers, comme certains glaciers de l'Himalaya. Une agonie qui préfigure probablement celle de nombreux glaciers suisses. En réalité, ce phénomène n'est pas nouveau : si l'on observe les photos anciennes du secteur de Crête Sèche, on constate déjà le même phénomène.

 

Les nuits d’automne, quand le vent du Nord descend le long de son lit, tu peux entendre sa respiration. Le retour du froid le fait frémir, il bombe le torse et se faufile. La moraine n’a qu’à bien se tenir pour quelques instants.

 

 

Visualisation des rochers qui recouvrent le glacier d'Otemma  en bleu piqué  /source: Glamos.ch 

Ces bancs de rochers en question !

 

Sur l'image ci-desus on voit très bien que les rochers ont fait partie d'une ancienne glacicule** (1) poussée par le glacier de  Blanchen et celui des aiguilettes depuis le Bec de la Sasse. Cette glacicule**  a été contrée par la descente du glacier (2) depuis les pointes d'Oren qui est coincée entre le langue principale et la descente de Blanchen.  Le glacier (3)  est le glacier principal d'Otemma qui vient du col de Charmotane.

La ligne pointillée (4) est une future glacicule**  en formation, qui apparaîtra de plus en plus ces prochaines années. Ces rochers ont été compressés par la descente d'Oren et la descente d'Otemma.

Un "glacicule"  ** c'est une délimitation des différents courants de glacier qui ont transporté des cailloux depuis des années et qui ont été stoppés par le courant parallèle du glacier de côté.

 Sur le haut glacier d'Arolla, il y a un superbe exemple en formation que j'irais étudier cet été.  Sur le glacier de Cheillon également. J'ai longtemps cru qu'il s'agissait d'anciennes moraines mais en fait c'est une couche de cailloux qui protège et empêche la fonte de la glace en dessous et par ce fait, comme il y a moins de fonte, cela donne un monticule allongé qui délimite les courants de glacier de provenance différentes. 

** Glacicule,  mélange de glacier et de monticule.

Glacicule créé par des cailloux de protection sur le Haut glacier d'Otemma en novembre 2020. La séparation entre l'avancée du glacier de Blanchen et celui du Petit Mont Collon /Pointe d'Oren (entre 1 et 2)

Image du dessous: le même glacicule mais beaucoup plus bas. en novembre 2020

Images ci-dessous:  Septembre 2024

Otemma... Un glacier Lumière

 

Ce monstre de glace n'est pas inutile, il participe grandement à illuminer les suisses. La prise d'eau en fond du vallon (2350 mètres d'altitude)  est canalisée sous le Mont Rouge de Giétroz pour se coupler à l'eau de fonte du glacier de Breney et du Giétroz, bien au-dessus du barrage de Mauvoisin.  La conduite est turbinée avant de sortir sur le lac de Mauvoisin 300 mètres plus bas. 2 turbines Pelton d'une puissance de 28'000 kw tournent continuellement pour fournir le réseau électrique.  Cette eau arrive dans le lac Mauvoisin qui sera re-turbiné à Fionnay . De là elle sera encore turbinée une fois à Champsec ou dispatchée dans le réseau de la grande Dixence en direction de la centrale principale de Riddes.

 

Captage et turbinage du glacier d'Otemma avant le barrage


 En été 2022, la prise d'eau survitaminée par les canicules déborde de partout

 

La fonte accélérée  des glaciers du vallon passe par-dessus la retenue et finira dans le lac de Mauvoisin par son torrent naturel.

La surface du bassin versant est de 61 km carré comprenant toute la vallée d'Otemma, le vallon de Crête Sèche, du Brenay et du Giétroz. une surface énorme ou il pleut en moyenne 2000 litres d'eau au m2 par année !! soit 7442 milliards de litres par an.  En comptant qu'environ 30% de cette eau fini dans le barrage, cela fait encore passablement de watts à récolter. Le reste s'évapore dans les airs ou fini dans des sources. A cela s'ajoute la fonte des glaciers du bassin versant qui fait très nettement la différence lors des années sèches comme en 2022

Prise d'eau en avril 2022

la parenthèse du... c'est pas nouveau...

N'oublions pas que le les glaciers des Alpes se sont reformés dans des conditions fabuleuses lors du Petit âge glaciaire (PAG) entre 1450 environ et 1820. Auparavant nos glaciers avaient plus ou moins les mêmes proportions qu'aujourd'hui.

Reconstitution imagée du PAG sur la rubrique de Valsorey.  Sans vouloir dénigrer le dérèglement climatique du tout qui accélère clairement la fonte depuis la fin du 20 ème siècle.  Je pense qu'il est important de savoir que les glaciers actuels n'ont rien à faire à des altitudes de 2500 mètres en face Sud.  Du reste ils fondent depuis le milieu des années 1800 alors que les températures étaient environ 1,5° plus froides qu'aujourd'hui. (statistiques des températures au col du Grd-St-Bernard)

 


Les images de la fabuleuse construction du barrage de Mauvoisin. A voir dans la galerie d'accès au barrage

La débacle du glacier de Giétro de 1818 pour ceux que cela intéresse.

Sur le glacier en avril 2022

Sur le glacier en novembre 2020

Vallon d'Otemma en aval du glacier en octobre 2022

Le Vallon d'Otemma depuis le col de Balme en août 2022. Cervin et Dent d'Hérence et massif du Mont Rose

Glacier d'Otemma en 1850.  La prise d'eau actuelle est +/- sous le point rouge.

photo: Mathieu Feltin, fonds Burrus,/Mediathèque Valais Martigny/Heidi.news.  

j'espère que l'article vous a plut. N'hésitez pas à le partager

 

autres articles complet sur le glacier de Corbassière

Glacier de Pro

Glacier de Valsorey

Rapport Glamos 2024

 

sources: excellent site sur les glaciers suisses. Glamos.ch 

Excellent reportage sur le glacier d'Otemma: Heidi News

Bibliothèque du canton de Vaud.

Méteo suisse.

Théorie sur les roches de glacier: ES

Théorie sur les effondrements: ES et une étude UNIL

Images: ES ou mentionnées

cartes:  Glamos et SLF

textes: Eric Schopfer 

plus d'infos.

 

cet article aura des mises à jours 2 X par an pour constater l'évolution de la glace dans le vallon. J'y suis monté le 8 juin 2023 pour prendre des repères et pas mal de photos.

La dernière mise à jour date du dimanche 15 septembre 2024

 


Commentaires: 1
  • #1

    Michel (mardi, 01 octobre 2024 15:55)

    Tout près de chez nous mais tellement inconnu du grand publique. Merci pour cet article