Mon livre de course

Je raconte comme je les vis.  Selon l'humeur du moment, tantôt nostalgique, tantôt poétique, énervés, fatigués ou désabusés.

La montagne est une source d'inspiration infinie. Les mots s'inventent et s'adaptent sans limites, traduire les moments d'une vie chahutée sont parfois déroutants pour le lecteur... mais aussi pour le conteur. Les courses sont effacées après quelques temps sauf mes préférées. 

 

Ci-dessous quelques courses:


Ils sont arrivés, pas exactement à l'heure mais l'essentiel c'est qu'ils soient là ! 4 mois de boulot pour faire au plus près de ma vision de la montagne et pour la partager à qui veut rêver du ciel. J'espère qu'ils auront un minimum de succès même si je ne rêve pas :)  Un tour du Val de Bagnes par des chemins très peu fréquentés et une énigme de loups et de personnages séduisants.   pour commander


le 19 mars 2024 Le Crépuscule du monde 1800 D+

 

Y a des matins ou j'ai l'impression d'être une plaque de choc qui fond dans mes draps, c'est tellement bien que je dois me balancer des coup de pieds au cul pour en sortir.

à 9h00 je me dis que je suis un peu tard pour tenter un truc mais finalement c'est jamais trop tard pour bien faire ! Pis je me dis que finalement il y a rien qui presse, il faudra juste adapter ma course pour une rentrée tardive surtout avec la cuite qui est annoncée par l'en haut !

je prépare mes affaires au ralenti, déjeune tranquille et aussi lentement que nécessaire et je me résigne à quitter les Monts.

J'arrive vers 11h30 à la Barmasse (en dessus de Lourtier) pour monter au Rogneux. 

Bon, ça gazouille de tous les côtés, les oiseaux de toutes tailles piaillent de bon coeur l'arrivée du printemps, finalement il y a que moi qui a de la peine à changer de saison. Je pars à pied sur la route de la cabane et je me tape 250 mètres de dénivelé avec mes godasses de ski. Avant la cabane Brunet je croise le chemin de l'ami Gros de Trétien qui boit une bibine le cul posé dans la neige fraîche, y a des gens qui savent vivre et qui prennent du plaisir pour la Saint Joseph, toujours mieux que d'aller à l'église se faire pardonner toutes les randos volées.

 

J'arrive à la cabane et ne peux m'empêcher de boire un jus et déguster une excellente tarte à Jean-Marc. Un brin de causette avec la tite jeune de la cabane  et je me décide à remettre les skis. Je ne sais pas quelle heure il est mais en fait je m'en fiche un peu.

 

J'arrive au sommet une bonne heure avant le couché du soleil qui doit survenir approximativement vers 18h30 au sommet. J'ai beau être à 3080 mètres d'altitude en période de canicule mais je me les caille quand même en ruppant mon sandwich. L'avantage de l'été c'est que tu peux te coucher un moment au sommet juste en regardant le ciel t'engloutir.

Je clap des photos d'un crépuscule orange comme dans les films. Seul comme un bouchon dans l'océan de l'univers. Dire que j'aurais pu rester devant ma TV à regarder des séries ! 

Les programmes TV sont de plus en plus plats, comme les écrans. Pour trouver de la pente, il vaut mieux venir ici !

 

Aujourd'hui, le ciel est plus vaste, il s'est déguisé en artiste coloré. Passant du orange au rouge, au mauve, et d'un bleu profond. Le soleil s'active pour rendre le paysage heureux. La nuit qui arrive prend aussi son temps pour ne pas tomber abruptement, il ne faut surtout pas dépasser les minutes qui filent comme une fatalité. Prendre son temps aujourd'hui est le privilège de ceux qui savent regarder, l'oeil attentif à la beauté, même si la vision n'est que personnelle finalement.  L'instant s'arrête comme un feux d'artifice qui est tombé en panne, bloqué sur l'image flamboyante d'un champignon rouge et bleu dans le ciel..  Et moi comme un débile, la bouche ouverte, je ne veux surtout pas appuyer sur l'interrupteur du retour.  Le froid ravive l'émotion de mes sens engourdis, hypnotisés par la mort du soleil qui est tombé derrière la fenêtre d'Arpette dans un déclin de rouge et dans une lueur d'espoir somnolente.

 

Pour ne plus avoir de guerre aujourd'hui, il suffirait de réunir les hommes d'Etat au sommet du Grand Combin pour regarder le soleil s'endormir vers l'ouest, dans une révérence en forme d'apothéose et de paix. Comme l'histoire que l'on raconte à l'enfant avant de s'endormir, celle qui tranquillise l'esprit et qui fait rêver d'une immortelle richesse d'amour, simple et empathique. 

La descente de nuit reste toujours un moment d'émotion intense, surtout dans une poudreuse de la veille, en regardant les étoiles qui s'allument sur le Petit Combin, les lumières de Sarreyer qui scintillent dans la brise de vallée. En écoutant le lagopède pipeletter avec le ciel. Les montagnes qui grandissent dans la pénombre pâlotte d'une lune naissante et pas sûre d'elle. 

 


le 14 mars 2024  Cabane de Valsorey 1350 D+

 

Il y a des jours où le soleil brille plus que d'habitude, où la neige est plus blanche et la montagne plus aimante et accueillante. Il y a des jours où tu cherches un nuage dans le ciel juste pour te dire que rien ne change ! Que la vie est ainsi, elle passe du blanc au noir en passant par l'arc-en-ciel. Comme ton existence qui te transporte de la naissance et l'insouciance, à la mort de l'âme sur son nuage, pour un dernier apéro entre amis. En trinquant à toutes les belles pages expérimentées, à tous les chapitres vécus, pour enfin fermer le livre des souvenirs dans la joie et la sérénité.

Valsorey est une vallée entre tous ces mondes. Qui sait t’emmener vers des sommets légendaires comme le Grand Combin et le Vélan, mais qui sait aussi jouer la plus belle des partitions de musique, le silence, qui achemine tes rêves vers la réalité de ton existence. Valsorey te prend comme un enfant qui vient de naître, dans ses bras protecteurs et inconditionnels, et il t’est impossible d’en repartir sans avoir envie d’y revenir. Valsorey garde jalousement sa reine Isabelle sur son promontoire dominant, depuis tant de temps que sans elle, le vallon ne sera plus jamais le même.



7 mars  Col des Ignes (Arolla)  1300 m. D+

 

En semaine, la Vallée d'Hérens reste à l'abri du monde. Arolla est au bout du bout de cette vallée. Des téléskis préhistoriques qui font son charme avec de la neige en passe de devenir pré-préhistorique.

Profitons de cette journée à l'abri des dépressions d'Ouest, à l'abri du vent et des humains.

-7° à 7h30 sur le parking en direction du col des Ignes, 1300 mètres plus haut dans le ciel.

Nous traçons chacun notre tour sans se concerter en regardant nos pieds pousser le chemin devant nous, monotone, il me semble être assis en équilibre instable sur l'aiguille des secondes de l'horloge de la vie humaine, celle qui disperse le temps qu'il te reste en souriant d'un air moqueur. Tellement près de la montagne que le temps semble s'arrêter sur l'infini et que moi je continue de courir après une improbable et inutile ascension.

S'il faut garder un souvenir de cette terre, c'est cet espace si lointain qu'aucune horloge n'est assez grande et assez rapide pour en faire le tour.

Bien accompagné par Martine et Béatrice, deux insatiables de dénivelé et de neige vierge qui transforment ma folie de montagne en peccadille insignifiante. J'ai presque l'impression de retrouver une certaine normalité dans mes excès de cimes. C'est finalement la rupture d'une fixation ATK qui nous forcera à renoncer au deuxième sommet prévu. Un sacré bol finalement de se retrouver sur une terrasse avec une bonne bière grapefruit au lieu de transpirer dans une nouvelle trace improbable.

A plus.


Le 5 mars 2024 perdu dans le brouillard  900 m. D+

 

Il me semble bien être au Clou, à la Fouly. Enfin je l'espère parce que je ne vois rien à part quelques barraques perdues dans le brouillard qui jouent à cache-cache avec des ombres fantomatiques et grises.  Pourtant la route s'arrête au bout du monde, c'est la fin de la civilisation encore plus éloignée que d'habitude. J'enfile mes lattes comme une vieille paire de chaussette qui n'a pas été lavées depuis une année.  Ma motivation était pimpante en partant mais devient grise comme le temps. Qu'est ce que je fous dans cet océan de purée Stöckli au rabais en plein milieu d'une étagère d'un centre commercial géant perdu dans l'espace intersidéral. 

J'entame cette montée en restant le plus possible à la verticale pour ne pas tomber comme une quille sous une pluie de boules. Toute la difficulté est donc de rester debout en regardant le seul point de repère qui surgit très loin devant moi, si loin que je me demande même si je ne rêve pas, les spatules de me skis ont la fâcheuse tendance à s'enfuir en avant l'une après l'autre et de revenir en arrière à chaque enjambée. Et à chaque fois qu'elles partent en avant, cela me semble si loin que je dois me concentrer pour garder un oeil dessus. J'ai pas du tout envie de les perdre, pour ne pas devoir rentrer à la nage. 

Mon application White Risk est franchement adéquate, je connais parfaitement le chemin sur lequel je suis mais à chaque pas je doute de ma cervelle envahie pas un brouillard compacte et oppressant.  Après 1 heure d'égarement du ciboulo sur cette planète envahie d'étrange gouttelettes  en suspension, j'arrive au col qui rejoint la combe des Fonds. J'hésite, me cogite l'avenir proche et m'égare dans des pensées funestes. 

Etrangement, quand je regarde mon GPS je suis parfaitement au bon endroit, en parfaite adéquation avec la montagne qui m'entoure. Je me sens bien et à ma place. Mais quand je relève la tête et regarde devant moi je suis perdu dans un bocal enfumé et humide. C'est à chaque fois une difficulté presque insurmontable pour repartir dans cet inconnu. J'ai l'impression d'être une comète en errance, dans un univers vide et noir juste guidée par une bonne étoile. J'adore ...

 

Encore une petite heure d'errement dans ce microcosme invisible, ou il m'arrive une fois de distinguer un halot de soleil fatigué et quelques fois un cailloux qui sort de nulle part et que je suis incapable de savoir s'il est à 5 mètres ou à 30 mètres de moi.  Un moment j'entrevois une ombre géante passer devant mes yeux aussi vite qu'un avion à réaction... Trop tard pour distinguer ce que c'est, mais l'ombre revient encore plus grande et encore plus vite et cette fois j'arrive la suivre pour voir un moustique se poser sur mes skis.

à 2012 mètres d'altitude un moustique au début du mois de mars, voilà qui me perplexifie la carapistule  avant de péter le câble qui me retient dans cette vie complexe d'un hiver victime du réchauffement climatique, et moi, et moi, et moi !!

La haut je deviens las, si las qu'après une heure de plus dans ce bocal fermé à double tour, je cherche vainement à jouer à la grenouille qui veut monter l'échelle et se cogne au couvercle. Sans voir le ciel une fois de plus, dépité et sans pitié j'essaye de reprendre mon souffle avant que l'eau ne monte définitivement comme dans un roman macabre ou seul Bruce Willis serait capable de tirer le manche se son siège éjectable.

C'est au sommet du Chantonet (Enfin je crois) que j'en viens enfin à me demander comment je vais faire pour redescendre jusqu'à ma voiture, une épreuve ultime pour rester vivant et ça j'adooore !   En bas il commence à neiger pour donner un petit coup de rafraichissement à ce tableau usé par un hiver trop mou. ôh que je ne vais pas imaginer qu'il y aura 50 centimètres demain matin, même pas en rêve. Mais ce qui est pris... est derrière ! L'image du milieu représente bien la vue splendide qui m'accompagne. Tu y verras une ligne de crête à la limite de mon monde.

à plus...

 


Mardi 27 février 2024  Rogneux: 1800 M D+

 

Quand le bleu du ciel devient gris c'est décevant et suffocant, presque menaçant surtout qu'il ne va même pas neiger.  Seul dans un monde à part ou le sommet se transforme en fantôme inaccessible et si perdu que tu dois chercher la porte d'entrée. Histoire de rester sur le chemin sans se tromper d'étage.

Entre les mondes, entre les ciels et entre les couches de nuages qui sont en bas et en haut, entre la fin d'une vie qui joue avec l'âme de la fin des temps que pousse un vent rude du Sud.  Ma cervelle se vrille de concentration, c'est la montagne qui me prend et me rend étranger de l'environnement.  Au sommet du Rogneux les couleurs qui dominent,  c'est un noir usé et un blanc poncé par du papier sale et trop vieux. 

Moment intense et solitaire après presque 5 heures d'efforts, d'émotion et de chance unique.

La corniche du sommet brave fièrement la face Nord et attend tranquillement l'imprudent pour l'envoyer dans le néant.



le 24 février 2024 pointe Ronde depuis la Caffe: 1450 m. D+

 

Samedi bien accompagné de mes deux blondes préférées sur une course pas si facile et longue. Avec une neige douce et légère de 1ère classe. 


16 Février 2024 Jeux de l'oie au Col Sud de Menouve. 800 m. et des brouettes en D+

 

C'était vendredi rando park,  prévu au col Ouest de Barrasson avec les citadins de Lausanne, pour ne pas les effrayer de la montagne blanche... comme avablanche, trace blanche et bière blanche...

150 voitures au parking, bien plus que quand le télé du Super St Bernard était en fonction et que les vitres du resteau étaient encore étanches au temps. De quoi faire des jaloux... tché.

Des bus entiers venus de France avec des guides de montagne, des voitures, des camping car, des chrétiens en raquettes et une croix autour du cou, un véritable salon de l'auto qui skie, the people jet set of Verbier, une famille royale, des hippies 60 e-naires en sandales qui peautent dans la bonne humeur. Des retraités qui discutent de la pluie et du bon temps, des ptits jeunes freeriders avec des casquettes en filet qui recherchent "The pente raide sensationnelle"  Il y a ceux qui fartent, ceux qui affutent leur piolet, ceux qui jouent de la musique à bouche, ceux qui essayent de mettre leur nouveaux skis à l'endroit en cherchant les inserts de leur godasses, ceux qui ont oublié leur chaussures, ceux qui se demandent ce qu'il font là, ceux qui font pipi derrière leur auto, les constipés tout rouges qui poussent la raclette de hier, ceux qui boivent un chti coup de génépi avant de partir, ceux qui n'en peuvent plus de ces vaudois qui se croient chez eux, ceux qui patinent en pneus d'été sur la glace polichée par des valaisans qui arrivent en dérapage avec une clope au bec, ceux qui rient, ceux qui pleurent de trouille parce que la montagne est certainement dangereuse et qu'ils sont sûres que leur dernier jour est arrivé, ceux qui prient que le ciel ne leur tombe pas sur la tête, il y a les pressés en moule-burnes qui enclenchent leur chrono, il y a ceux qui repartent dégoutés, il y a les clubistes du CAS de la Suisse entière au garde à vous dans l'attente du chef de course, et ceux qui arrivent en con quérants, il y a les simples d'esprit qui cherchent les arbalètes, l'assiette ou la cabine chauffée qui part sur Cervinia. Il y a même des motards qui rouspètent parce que la route du col est encore fermée !  J'ai même croisé Jacqueline en Quattro, Axel Red en Renault, Nestlé en Kawa, Harrison en Ford, Hitler en VW gaz à fond, Luigi qui venait de Rome avec son tracteur pour aller manifester à Bruxelles. J'ai aperçu Jean Passe et des meilleurs, les indécis, les Trois Décis, les épris d'injustice et des repris de justice. 

Tout au fond, il y a des avocats, des boulangers, Léon sur son camion, Des Docteurs, les employés de la SNCF qui font la grêve, les instituteurs qui regardent l'heure, une influenceuse qui se selfe habillée en elfe, Greta en pleine discussion avec un prix Nobel, Nabilla au téléphone... Pour un peu il y avait Napoléon sur son éléphant, John Lennon en ID Buzz et Freddie qui ruppe une raclette avec Claude Nobs.

OUF !!! et moi qui n'aime pas les blaireaux, je suis servi, dépression de mâle être avant le suicide collectif des Raels ou du temple solaire !

 

Bref pour faire rapide, on monte sur la route du col avec les peaux dans le bon sens svp! 

Mais arrivé à la première cheminée, je décide de mon plein gré que le chemin de traverse est la meilleure antidote au suicide collectif.

J'ambitionne donc une montée en ligne conversationnelle gauche-droite-gauche dans la pente qui montasse en direction du col Sud de Menouve.

Quelle bonne idée, tout d'un coup, plus personne en mire... le miracle des moutons agit, même pendant les vacances de février !

On se colle à la pente raide et bien dure avant de déboucher au soleil du col, frontière avec les Italies de feu Benito au bras droite de Mélonie. 

Bon jusque là rien de transcendant je dois la démettre ou l'admettre... Mais rassure toi, lecteur patient qui est arrivé jusque là sans rien avoir lût d'un thé récent, le meilleur est à viendre !

 

Le jeux de l'oie, tu connaissais quant tu étais petit. il suffisait de tirer un dé et si t'avais pas de bol tu retombais en bas de l'échelle pour revenir à la case départ.

Et bien aujourd'hui, à l'heure de l'électronique, d'insta, de facebook et de tik tok le jeux est de retour !!

Un groupe d'outre-sarine s'en est donné à coeur-joie comme quand ils étaient gamins.  Ils montent sur une pente raide bien exposée, bien ensoleillée et surtout bien raide pour jouer à l'oie qui apprend à voler sans ailes.

Les voici qui montent, qui montent, et tombent... chacun leur tour... ils recommencent avec dignité, ils recommencent avec volonté, avec persévérance, chaque fois un peu plus trempés. Ils applaudissent leur copain qui rate sa conversion et s'affale dans une pente à 35° bien mouillée.  Du toto en puissance... On se pincent de rire, on hésite  à appeler Airglacier, la Rega ou un saint bernard pour l'extrême onction mais finalement on laisse faire la barrière de röesti. La montagne pardonne chaque jour de congé, elle n'est pas dangereuse en vacances, elle reconnait ses disciples amoureux des cimes et ordonne aux avalanches de neige mouillée d'attendre la fin du jeux, encore un peu, un dernier pneu de secours et c'est la fin du jeux... tout le monde perd et tout le monde gagne comme quand j'étais gamin. Heureusement au 21 ème siècle, l'humain est habitué à avoir plusieurs vies, c'est les nouveaux jeux balaises d'aujourd'hui. Ah! la belle époque qu'on vit, ou tous en coeur, les zumains se tiennent la main dans un rêve lointain. 

la preuve en image, les 3 du bas sont déjà tombés, les deux du haut s'apprêtent à tirer les dés.
la preuve en image, les 3 du bas sont déjà tombés, les deux du haut s'apprêtent à tirer les dés.

6 Février 2024 Petit Combin à la journée 2300 D+

 

C'était mardi, journée glacier, journée de partage avec le soleil, la chaleur, le vent d'ouest et les crevasses.

Qui dit qu'il n'y a plus de neige sur nos montagnes ?

Il y a de la neige, il faut juste monter un tout petit peu plus haut que d'habitude.

Arrivé à Fionnay à 4h00 du matin, les toits sont bien enneigés à 1500 mètres d'altitude… ce n'est pas la mer à boire.

Je chausse directement les couteaux à mes skis, je crains le pire pour cette montée et je ne serai pas déçu !

Heureusement qu'il faisait nuit, autrement je n'y serais pas allé. Laborieux et pire encore. Nos amis qui font de l'héli-ski détruisent le chemin d'été pour monter aux greniers de Corbassière, à tel point qu'il est dorénavant impossible d'y descendre avec des skieurs "normaux" sans prendre le risque de passer de vie à trépas ! Le Petit Combin va devenir de plus en plus difficile d'accès même pour les guides avec leurs clients !

Je me ramasse 3/4 d'heure en plus sur le timing de la passerelle de Corbassière.

Mais enfin j'arrive aux premières crevasses. Je les vois comme des amantes bien enveloppées, bien dociles et bien remplies. Elles me paraissent immobiles et lascives, juste habillées de dessous bleu affriolants. Comme dans un harem empreint de douceur platonique, ou le silence et l'amitié règne en maître incontesté. Le lieu est imposant et rempli de satiété, sans pression de performance ou de virilité mal placée. Aucune musique, juste le silence du vent et l'arrêt du temps. Le plateau des Maisons Blanches comble le solitaire de tendresse, de calme et de sérénité et lui offre une pause extraordinaire sur l'ouverture imposante du ciel. Comme si la vie venait de tourner la dernière page de son livre.

Une crevasse, c'est un peu comme la marmotte, elle s'enroule paresseuse dans son duvet d'hiver pour se reposer.

Même si son immobile posture laisse penser qu'elle est endormie, ses rêves sont parfois agités.

Une crevasse ça vit au rythme du temps, à la vitesse du glacier, soumise à la pente, au poids de la neige qui tombe et freinée par son socle de roche.

Une crevasse ne bouge jamais quand tu es présent, elle sait rester discrète, elle n'est pas pressée et son pouls bat si lentement que tu ne peux l'entendre. Pour la connaître vraiment, il faut aller lui rendre visite 2 fois l'an au moins, sans oublier de la flatter pour sa patience. Souvent tu ne la vois même pas, mais en dessous de tes pieds elle se construit, se nourrit à l'abri du regard des hommes. Pour mieux avaler l'imprudent qui va la rassasier de légende.

La crevasse est une gardienne de l'histoire du monde, c'est elle qui tient les clés, qui ouvre l'accès au passé et au présent. Elle siffle avec le vent, ronronne des histoires au crépuscule, elle a très peu d'amis mais reste "ouverte" au partage.

Elle sait se faire belle dans le froid qui l'enrobe comme une mariée le plus beau jour de sa vie. (en tout cas la première fois) Elle est heureuse quand il fait froid et se chagrine dans le chaud printemps.

Son destin est scellé, sa mort si proche fait d'elle une martyre encore inconnue. Comme l'humain, qui file aussi vers son destin macabre sans imaginer une seule seconde que sa fin soit possible.

 

Au sommet, dans la haute fatigue, en bas le soir, c'est le noir qui domine... avec l'âme errante, plus gonflée que jamais, qui en redemande, souvent au gré du vent.

 

vidéo... ôh ôh !

3 Février 2024  Rogneux 1800 mètres D+


31 janvier 2024 Pointe Kurz  1500 mètres D+ (Arolla)

  

Comme un bobet, j’oublie de regarder la météo avant de partir et j’oublie mes crampons dans ma bagnôle…. En plus j’ai oublié ma topette de génépi !

Bon après une nuit par moins 5° à Arolla dans mon poussin, il faut dire que j’avais mes neurones encore engourdis.

Pis la topette, c’est bien quand tu trinques au sommet avec un citadin mais sans plus.

Pour la Pointe Kurz en semaine, c’était certain qu’il n’y aurait pas de citadin sur le parcours, ni même une autre âme qui vive.

Je pars donc seul sur le chemin des grandes courses d’hiver… enfin. C’est pas trop tôt nom de blou !

Pis cette course en solo, je l’avais déjà faite il y a 2 ans. Ce n’est pas non plus la mer à boire cul sec ou la construction de la pyramide d’Egypte en solo, il faut juste un tantinet de volonté, un poil de hargne et pas de poil dans la main. 

Un bel engagement avec des passages de glaciers, une pente finale à plus de 30° aux couteaux sur de la neige presque en glace, la solitude qui te pète à la figure, le temps qui se gâte sans savoir pourquoi. Et surtout le silence absolu qui se concentre sur les hauts plateaux du glacier d’Arolla pendant 7 heures de rifle.

 

Le silence…..

Ecoute THE .....

 

Le silence absolu, c’est la peur du bruissement de la neige poussée par le vent, c’est la hantise d’entendre mes pensées, de voir grandir le ciel qui me tombe sur la tête, c'est la peur de sombrer dans le tréfond de mes entrailles. 

Le silence absolu, c’est la peur du vide, la beauté d’en faire partie et le régal de vivre ce qu'il te semble impossible.

 

Avec un ciel qui devient laiteux c'est surprenant comme les avions de lignes se font discrets, comme les hélicos se cachent quand le ciel se fait invisible, et comme les Pipers à touristes restent au hangar quand le Cervin se fond dans l'horizon bouché du ciel !

Pendant ce temps, mes pensées partent aux fraises, je divague sur la vague de mon vague à l’âme.  J’essaye de donner un sens à ma vie qui ne sert absolument à rien si ce n’est de regarder le temps passer aussi vite que le vent du sud qui se met en colère quand il fricote avec les isobarres de la dépression du golf de Gênes… Ou y a de la gêne, j'use mes gènes.

Bref, je m’agite, cogite sans que cela gîte, pour ne pas couler dans l’océan du monde. D’un coup je vois les dangers d’être seul en montagne, je vois la neige glisser en dessus de moi, je vois le brouillard m’enlacer, je vois la crevasse frétiller sous mes pieds, je vois la pente raide sans voir de fond. Je vois ma fixation éclater au premier virage, je vois les cailloux tomber partout et je vois les batteries de mon GPS tomber en rade.

Je pense à la Marie qui me dit toujours de faire attention. Mais moi, c’est la montagne vide d’humain qui me va bien. Celle qui me tord les tripes, celle qui m’enrobe de sa douceur, celle qui me caresse les sens comme quand tu rêves si fort, qu'il te semble être éveillé.

 

Au sommet de la Pointe Kurz en semaine, c'est une petite larme d'émotion qui m’oblige à dire merci à chais pas qui, de toute façon il y a personne pour m’entendre, je suis la petite lopette qui se laisse prendre par l’empathie du moment, la fiotte de la vie qui préfère la montagne à la folie des hommes !

Quand le vide est rempli à raz bord, il est temps d'écouter son trop-plein pour apprécier le vent, le ciel et son âme qui flotte sur l'horizon.

Amen... La neige, et vite !

 

vidéo

plus d'infos sur le Haut glacier d'Arolla

 


Le 23 janvier Les Monts Telliers

 

Les copains d'abord.

Jolie course du mardi entre amis avec des conditions de rêve. Fort vent du Nord au sommet mais finalement la neige poudreuse du haut en "presque bas".

Fini par une bonne raclette chez Dédé à la Fouly.




Le 9 janvier 2024

 

Journée avec les fantômes qui jouent avec le vent.

Journée avec les sapins qui deviennent des fantômes.

Journée avec une brume voilée et fantomatique sur les pentes des Préalpes.

Arrivée de la neige depuis l'Ouest qui va fantômiser les traces de ces derniers jours.

La vue stratusinueuse qui enchante le Tétra et les bipèdes presque zumains que nous sommes.

Au règne des fantômes, seuls les fous sont des heureux bien portant, qui savent lire entre les lignes du temps et qui acceptent de se laisser guider par l'instinct animal retrouvé...    ou jamais perdu.

Comme le loup sauvage et gourmand qui regarde le temps nouveau arriver dans un sublime crépuscule du monde.

 

J'ai des fois de la peine à faire la distinction entre le ski de montagne et la randonnée à ski !?

Pour moi la peau de phoque est synonyme de montagne plus que de la ballade à ski de randonnée. Mais aujourd'hui pas de doutes possibles. C'est une belle rando à la maison comme je les aime !  Les Préalpes sont parfaites pour cela.

Je pars de la Pudze (après les Paccots) et je me laisse guider par les traces, Comprends par là. Ou il n'y a pas de trace justement.  Je fuis ces ornières à skis dans la neige fraîche, je préfère nettement faire les miennes avec le degré de pente qu'il me convient, dans des endroits ou la populace ne va pas ou peu! juste pour aller voir ce que personne n'a encore vu de cette journée !

Nous arrivons sur un Tremetta vierge d'humain par le chemin des écoliers avec la Marie. Le stratus est présent sur l'étage inférieur et sur l'étage supérieur. Le vent de SO amène tranquillement le front neigeux qui arrive de l'Ouest et je distingue parfaitement la neige qui descend jusqu'à mi-ciel.  Le brouillard côté Est lèche la pente et je renonce à descendre la face prévue. On se contente de redescendre par la face Ouest dans une neige correcte et presque suffisante. Les sapins sont plâtrés par le vent du Nord de ces derniers jours. Arrivé au croisement qui monte au chalet de la Chaux je laisse Marie redescendre dans la vie et remonte à Theysachaux pour voir si j'y suis.  Le couloir central est franchement "presque" excellent malgré quelques traces qui traînent de hier. 

Une bien belle journée pour ma tête et pour mon physique qui s'améliore de jour en jour.

A plus.


Le 4 janvier 2024 

Après une longue pause forcée, me revoici aux affaires ! Enfin.

Le Chantonnet, Val Ferret.

 

Comme repérage d'une course que j'imagine depuis longtemps, qui à ma connaissance n'a jamais été faite dans son intégralité:

Chantonnet - Tête de Ferret par sont arête Ouest - Grand Col ferret  - Arête des Econduits - Pointe de Combette - Grand Six Blanc par son arête SO - Six Blanc par sa face Sud et descente du couloir Nord du Six Blanc sur la Peule en solo. Ce sera pour un prochain numéro... (topo ci-dessous) Quand j'aurais retrouvé mon physique d'Apollon au taquet...

La neige était parfaite en cette journée d'après front froid. 

Sous le sommet j'ai osé donné un conseil à une jeune dame qui perdait ses skis toutes les 30 secondes et je me suis fait renvoyé comme un mal propre, j'ai évité la plainte pour harcèlement sexuel de justesse après m'être excusé.

La trace était comme d'habitude au 21 ème siècle, des détours au plat et directe dans la pente quand c'est raide. 

Décidément je suis vraiment beaucoup trop vieux et con pour aller sur des parcours connus.

Reste que la montagne est toujours belle, avenante et confidente quand on se retrouve seul au sommet parce qu' absolument tout le monde se contente de l'antécime 50 mètres plus bas et 100 mètres moins loin, à 15 minutes max.

Voilà que j'ai retrouvé ma joyeuse humeur :)  Le chant du soleil sur la neige tamise le temps et t'offre la couleur du ciel.

 

 


 

Tremette le 20 décembre 2023

J'y suis allé pour trouver un coin de ciel bleu et je suis arrivé à la porte des enfers, qui se découvre comme un phare Breton après la traversée de l'Atlantique Nord. Mélange de barbelé, de glace et de feu au bout du chemin après 1h30 de flottement entre ciel et terre.
J'avais l'impression d'être une marionnette dans un bocal de verre embué et rempli de sable blanc. Dans cette purée le silence du ciel rempli complètement l'espace et mes pensées s'évadent sans frémir, dans l'inconnu sidéral ou la douleur de devoir redescendre devient presque insupportable.

 

 





 

 

 

Pointe d'Ayace et Tsoumaz des Boucs: 3263 mètres

4 & 5 septembre 2023

 

 



 

 

Breithorn classique avec les blondes: 4163 mètres

2 & 3 juin 2023

 

 

 



 

Nouvelle voie sur le Combin de la Tsessette 4135 mètres, par la face Nord.

16 & 17 juin 2023  Avec Benjamin

Introspection de l'âme

 

 

récit
récit


 

 

Le 10 mai.  Couloir Nord de Theyschaux



 

 

 

19 avril 2023. Pointe de Vouasson (Arolla)



 

 

 

 

4 avril 2023.  La Luette, A la recherche du Nanga Parbat
















Sur le chemin, Je lui ai dit bonjour,

Elle m’a dit… Salut.

 

Je lui ai demandé qui elle était ?

Elle m’a regardé bizarrement.  

Je lui ai parlé du monde.

Elle m’a parlé des couleurs d’automne. 

Je lui ai parlé de l’humanité.

Elle m’a parlé du soleil… et du vent.

 

Je lui ai demandé si elle connaissait la forêt.

Elle m’a répondu qu’elle avait peur de l'orage.

 

Je lui ai demandé si elle avait peur du loup.

Elle m’a regardé tendrement...

 

Je lui ai dit… Salut

Elle est repartie dans son monde…


 

 

 

 

Sortie sur le plus beau et le plus fragile glacier de Suisse




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LA MORT EN MONTAGNE

C'est par une douce soirée,  en apprenant la mort d'un alpiniste au grand Combin.

C'est en observant vaguement le Mont Rogneux juste avant le crépuscule. En regardant le temps s'allonger un soir d'été. Depuis le si calme et reposant village de Sarreyer que cette montagne devant moi s'enfonce lentement dans une ombre toute relative. Elle prend sont temps, paresse et fait la grâce soirée. Jusqu'à devenir sombre et imposante, elle se tasse sur elle-même pour se reposer.
La gardienne de Valsorey doit encore une fois de plus se demander pourquoi une vie s'arrête si près, tout là haut, juste là.
Toutes les victimes des cimes ont commis le pêcher mortel de vouloir se rapprocher du ciel.
À l'ouest du Becca de cery. La première étoile s'allume. Scintille et danse pour la vie comme l'arc en ciel après la pluie.
Un voile de cirrus s'installe dans le ciel empêchant les autres étoiles de briller.
Tous ces morts, toutes ces victimes qui sont parties très tôt le matin avec la joie dans le corps, et qui ne sont jamais revenues.

Funeste destin pour ceux d'en bas. Ceux qui ne comprennent pas cette incompréhensible attirance .
Justes des passionnés de l' inutile prêt à sacrifier leur existence pour y monter une dernière fois, pour effleurer le ciel avant de le rejoindre.

Pour essayer de comprendre cet appel qui attire comme un aimant, prêt à laisser femme et enfants dans la douleur. A sacrifier l'avenir pour un intense présent.

D'un coup, la mort te prend par la main et t'emporte dans une chute ultime.
Tu peux en souffrir...

Y être insensible...

Ou tout simplement regarder le jour qui s'éteint...


Dans un calme absolu et le regard paisible. Cruellement vide.
Le Rogneux se fond avec la nuit, son ombre a disparu dans le noir et le chant de la Drance s'amplifie et prend toute la place dans le silence de la vallée.
Et je rêve déjà... au sommet que je ferais demain. 


 9 juillet Bec d'Epicoune

 

La nuit tombe sur le haut val de Bagnes, La mémoire du monde ne dure qu'un instant, mais l'ombre de la pointe d'Ayace reste encerclée d'une armée d'étoiles. Les filaments de brume s'enlacent  et se prélassent avec insistance sous les sommets de la vallée. Mes sens s'évaporent  au son du glacier d'Epicoune qui se précipite au fond du vallon. Toute la nuit le torrent du glacier rugira de plus belle en maudissant ce zéro qui résiste à plus de 4'000 m.

Otemma, le cousin d'Epicoune. Glacier pris en sandwich entre l'Aouille et la pointe des Portons ne peut s'échapper de la chaleur des montagnes. C'est un géant fragile, prisonnier du monde et de l'humain. la trace du monstre est encore visible 400 m. en-dessus de son lit actuel. Il ne cessera de crier sa souffrance tout au long des deux jours que j'ai passé à son chevet.

L'été 2022 est de loin pas fini mais sa trace restera indélébile jusqu'au crépuscule de l'histoire des montagnes.

A quoi bon escalader ces sommets en fin de vie si c'est pour voir leur souffrance. Epicoune ne m'en tiendra pas rigueur et ma laissera fouler son bec de la plus belle des manières. Avec ferveur et passion.  

 

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Petit Combin à la journée en solo le 2 mars 2022     2300m+            Récit complet 


26 Février   Le Gros Six  (Bourg-St-Pierre)    1200 m.

 

Une course magnifique dans la combe des Planards.  Partis de Bourg-St-Pierre sur la route du barrage de Toule. C'est 30 minutes de faux plat et 10 minutes pour grimper sur le barrage.  Ensuite c'est que du bonheur même s'il y a peu de neige pour la saison. En trio avec mes deux équipières préférées. Cette longue course reste en-dehors des sentiers de Bourg-St-Bernard. La combe des Planards reste un must sauvage avec des chamois qui nous observent tranquillement pour ne pas nous effrayer. Nous sommes clairement dans le rôle de l'humain toléré par les autochtones. Ambiance sauvage sur le faux plat de la Chaux des Planards. Partis pour redescendre par la combe de l'A jusqu'à Liddes, nous avons renoncé à cause du manque de neige pour descendre sur le col du Névé de la Rousse et l'absence de corde pour assurer mes deux blondes. La descente nous a gâté grave avec des conditions exceptionnelles sur la face Est du Gros Six.


12 février 2021   Pointe Kürz depuis Arolla

 

Une des plus belle course à la journée pour une course en solo. J'y suis allé en mai 2021 mais j'étais arrivé au sommet avec un brouillard à couper au couteau. Cette fois j'ai enfin pût apprécier la vue à sa juste mesure... et quelle mesure !

Sur l'Italie, la Dent Blanche, la Dent d'Hérens, le Mont Collon, le Haut glacier d'Arolla et le Grand Combin.

Parti à 9h00 d'Arolla, je suis arrivé au sommet à 15h11, à la vitesse d'un sexagénaire ventripotent. 3 personnes m'ont suivi jusque sur le haut glacier d'Arolla et ont bifurqué sur le refuge des Bouquetins, la suite en trio avec la Vierge à gauche et l'Evèque à droite. La vierge ressemble plus à un phallus  au garde à vous qu'à une pucelle éplorée pas déflorée.

Au col du Collon à 3068 mètres, très peu de neige et quand j'ai vu l'arrête finale en glace, j'ai bien crû que mes efforts seraient vains !  Conditions déplorables pour les 300 derniers mètres mais finalement passés aux couteaux avec mes crampons dans le sac à dos. Beaucoup, mais beaucoup moins de neige qu'en mai l'année passée. La descente partagée par une combe de la Vierge superbe en face Nord  et correcte jusqu'au bas glacier d'Arolla. La face Ouest, du sommet jusqu'au col déplorablement soufflée. La face Nord, bleue et de glace vive m'obligera d'y remonter un jour de printemps quand les hausses de températures vont coller la neige sur la glace vieillissante.

Glacier très peu crevassé mais comme je n'y suis jamais allé l'été, j'ai quand même pris une corde de 30 mètres, 2 piolets et tout le matos pour si jamais le plancher des vaches aurait décidé de jouer les trouble-fête.

Une journée éreintante mais de toute beauté, il faudra un jour que je réfléchisse sur la véritable motivation qui me pousse à faire des conneries pareilles !!

Pour la vidéo. 


 

 

29 janvier 2022 Grand Tavé  en solo (Val de Bagnes) 1700 mètres   Récit complet et photos


16 octobre  2021  Levé de lune au Bivouac des Pantalons Blancs

 

 

 

La nuit le glacier ne fait plus partie de cette planète toxique, il respire l'odeur du ciel. L'espace et le froid le font vibrer d'aise. Il reprend sa place dans un univers jamais fini mais presque infini. Il se cale entre les roches des montagnes environnantes, se gonfle et bombe le torse dans un instant de survie. La moraine n'a qu'à bien se tenir, il arrive, il palpite, il pousse et se faufile. Ses crevasses s'entrelacent et couinent de plaisir.


Arrête Sud-est du Mönch