17 septembre. Glacier d'Otemma.

Regarde bien cette eau, c'est une eau fossile, vieille de plusieurs milliers d'années. Depuis son arrivée au monde il y a 4.5 milliard d'années...  en passagère clandestine d’une météorite, elle n’a cessé de se transformer.  

Tantôt gazeuse, tantôt solide, tantôt minérale, élément de vie d’une cellule humaine ou particule gazeuse d’une masse d’air.

Elle se déguise en chute d’eau, en vin, en nuage, en humain, en cerveau ou en urine. Elle est présente partout, même dans les déserts.

 

Cette goutte qui retrouve la vie en sortant du glacier d’Otemma après quelques milliers d’années... prisonnière, en repos solide et froid, va redevenir libre et frivole.  Son cycle recommence avec aisance par un magnifique soleil d'automne. 

Avec toutefois de légères différences auquel elle devra faire face prochainement.

La pollution chimique  des particules,  saturée comme jamais auparavant dans les airs.

Elle devra aussi se frayer un passage dans des millions de tonnes de déchets et d’ordures ménagères qui saccagent la vie sur terre. Elle devra également s’accommoder des milliards de nano-particules de plastique qui jonchent les rivières, les lacs, les glaciers et les océans au bord de l’asphyxie. Elle devra supporter la pollution chimique à l’excès, l'acidité des océans et l'indifférence des humains.

 

Elle devra faire face aux politiciens qui détournent leur regard à la vue de cette si fragile goutte transparente et insignifiante...  Tout en faisant un maximum pour oublier qu’elle est indispensable à la vie sur terre et quelle a fait naître nos enfants.

 

Il a fallu que j'assiste à ton retour, au paradis perdu du haut Val de Bagnes sauvage. Presque à l’abri de la vie humaine. Au régime minéral,  lent et authentique. Vallée presque oubliée du monde mais si fragilisée par l'humain.

Ne soit pas trop pressée de rejoindre les turbines de la Dixence car après… rien ne sera comme avant.

 

Bienvenue en enfer... ta mort sera une délivrance !

 

La vallée d'Otemma par le bout de la lorgnette.